LA BONNE MOUCHE AU SAUMON

 

L'éternelle recherche

Mis à part l'histoire de l'œuf et de la poule et l'éternelle question de savoir qui des deux a commencé..., peu de sujets ont fait couler autant d'encre et engendré autant de polémiques que celui du choix de la bonne mouche lorsque l'on pêche le saumon. Très vite, par chance, déduction ou intuition, les pêcheurs de saumon à la mouche ont réalisé qu'un seul modèle d'artificielle ne leur suffirait pas à leurrer Salar avec régularité et que bon nombre de paramètres concernant le poisson lui-même, le milieu au sein duquel il évolue et le milieu extérieur qui sert de toile de fond et de décor à notre sport favori influencent le choix de la taille, de la tonalité et de la silhouette de la mouche à sélectionner.

Tout en gardant en mémoire qu'un néophyte le plus complet peut, pratiquement à son premier lancer, souvent maladroit, accrocher un saumon sur la première mouche qui lui soit tombée sous la main... il n'en reste pas moins vrai qu'à la fin de chaque saison, c'est toujours le pêcheur le plus expérimenté qui aura obtenu les résultats les plus consistants. En effet c'est l'expérience acquise durant les longues séances de pêche et la longue litanie de bredouilles mémorables qui permet à ces vieilles mains de se créer une idée plus ou moins cohérente sur la mouche à choisir en fonction des circonstances du moment.

Que vous soyez un pêcheur anxieux qui emporte au bord de la rivière 300 modèles en 4 tailles de peur de manquer... ou bien le rêveur écologiste qui lui n'utilise qu'une seule mouche verte, montée avec amour avec des poils de sa chèvre favorite et des plumes de sa poule noire du Berry préférée ou bien encore, comme moi, un pêcheur bricoleur, toujours à l'affût d'une combine nouvelle, créant des mouches pour le plaisir de l'oeil ou pour le challenge d'un montage difficile ou inédit, nous sommes tous, qu'on le veuille ou non, à la recherche de cet ingrédient vital et essentiel à notre pêche: la Confiance. Sans elle, le dogmatique et le rêveur, le bricoleur et le débutant vont au devant de désillusions douloureuses et dans une pêche paradoxale et souvent cruelle comme l'est souvent celle du saumon il faut savoir se convaincre de l'existence d'une logique et se créer une méthode personnelle qui vous donnera ce surcroît d'optimisme qui peut être au bout du compte fera toute la différence entre l'extase et l'agonie...

Sans avoir la prétention d'affirmer avoir tout compris au saumon, je vais néanmoins tenter de définir dans cet article les paramètres les plus importants qui entrent en jeu dans la pêche à la mouche de ce poisson Tartuffe, et qui, peut être, détermine le fameux Take, moment d'émotion intense ou Salar daigne intercepter notre leurre. L'étude de l'interaction entre ces différents paramètres m'a permis de créer une série de mouches qui me donnent dorénavant entière satisfaction sur la rivière Suir en Irlande et ces artificielles aideront peut-être les pêcheurs qui viendront tenter leur chance au saumon en Irlande.

Parlons tout d'abord de la proie convoitée par le saumon, ce prédateur d'humeur fantasque et imprévisible qui jeûne pendant son séjour en rivière précédant la saison du frai et qui pourtant, sans raisons apparentes, accepte de temps à autres une mouche artificielle bien présentée. Donc, si l'on considère que la mouche est sensée être un petit poisson, un capelan ou un lançon, proies marines habituelles du saumon, et que la dérive et présentation de cette mouche ont pour but de déclencher l'attaque, il est important de s'arrêter un instant sur deux facteurs qui semblent à première vue être paradoxaux. Tout d'abord la perception de la proie par le saumon et ensuite l'effort de dissimulation et de camouflage de cette même proie afin d'échapper au prédateur. Il n'est vraiment pas nécessaire de s'étendre longuement sur la description du mécanisme de la vision chez les poissons carnassiers, il nous suffit de résumer l'essentiel. L'étude anatomique de l'œil du saumon nous indique une vision imparfaite. L'œil étant petit, les images produites sont de ce fait de petite taille donc imprécises. De plus ces images se forment en arrière de la rétine, cette hypermétropie entraînant de ce fait une vision floue des objets proches de l'œil... La faiblesse de la rétine produirait des images de pauvre qualité. En contre partie la richesse en pigments situés au contact des cellules en cône et en bâtonnet permettrait au poisson d'enregistrer la moindre énergie lumineuse. Le milieu aquatique transmettant mal la lumière il semblerait donc plutôt évident que l'intensité de cette luminosité va jouer un rôle primordial dans la perception de la proie par le poisson. Notons au passage que les contrastes trop importants effraient les poissons, il suffit de constater la fuite immédiate engendrée par l'apparition soudaine d'une ombre sur une zone éclairée où se tient le poisson pour commencer à réaliser à quel point la justesse de la tonalité doit être importante dans notre forme de pêche. Trop voyante et la mouche risque d'alerter la méfiance naturelle du poisson, trop neutre ou trop banalisée, cette dernière risque de passer inaperçue... A cause de son hypermétropie congénitale et bien qu'il puisse distinguer les couleurs et les reconnaître, il semblerait logique qu'étant incapable de distinguer les détails avec précision, le poisson soit de ce fait plus sensible à la tonalité de ces couleurs, d'autant qu'elles sont vues, dans la majeure partie des cas, en mouvement. En conclusion, étant très sensible à la lumière et percevant très bien les formes, le saumon est sûrement en mesure de distinguer les ombres les plus furtives et c'est probablement le mouvement de leurs proies et j'ajouterai le mouvement juste qui doit déclencher dans la plupart des cas l'attaque du prédateur.

Tout comme il nous arrive fréquemment de reconnaître, et souvent de très loin, quelqu'un à son allure, à sa dégaine, en un mot à sa silhouette, je crois qu'il en va de même au sujet du saumon, qui compte tenu de la faiblesse relative de son accommodation, s'attend sûrement à voir une silhouette floue, aux contours vagues, se déplaçant souvent à vitesse maximum pour lui échapper.

Si l'on tienne compte maintenant du fait évident que la proie a tout intérêt à être aussi discrète que possible et à déguiser sa silhouette au maximum afin d'échapper à l'attention du prédateur, il semble probable qu'une mouche discrète, de taille relativement modeste, à la silhouette imprécise et nageant à une vitesse plausible à plus de chance de déclencher l'attaque de Salar qu'un épouvantail multicolore surdimentionné qui sans aucun doute éveillera la méfiance du poisson.

Survivre est une motivation essentielle dans le règne animal, et discrétion, mimétismes, camouflages et ruses de toutes sortes sont couramment utilisés aussi bien par les prédateurs que par les proies. Tous ces subterfuges ont un but commun qui est la survie de l'espèce. Ce soucis majeur de ne pas trop attirer l'attention est particulièrement évident chez un des grands ennemis des poissons: le cormoran dont le ventre blanc lui permet de dissimuler sa silhouette par ailleurs très foncée et de se rapprocher au maximum de ses victimes lorsqu'il plonge pour se nourrir. Incidemment ce phénomène de ventre clair est présent chez pratiquement toutes les espèces de poissons... coïncidence... j'en doute... cette caractéristique leur permettant de banaliser au maximum leur silhouette et de ce fait d'augmenter leurs chances d'échapper aux prédateurs.

Pour nous autres, pêcheurs de saumons, la notion de pas vu, pas pris est tout de même un peu trop simpliste, si bien que nous nous efforçons de présenter au saumon un compromis satisfaisant, une mouche discrète, se mêlant au milieu mais restant néanmoins visible afin de déclencher l'attaque du poisson convoité.

Le milieu au sein duquel évoluent les saumons a une influence prépondérante dans le choix de la mouche. Le poisson se tenant la plupart du temps soit au fond de la rivière soit non loin de celui-ci, nous accepterons une fois pour toutes que, pêchant en soie flottante ou bien en pointe plongeante, la vision de la mouche se fait du bas vers le haut et de ce fait rend la perception visuelle de la mouche totalement dépendante de l'éclairage de l'arrière plan, en un mot le ciel.

Considérons tout d'abord le facteur eau et le grand nombre de paramètres le concernant qui ont probablement une influence directe sur l'éventuel choix de la mouche que nous présenterons au saumon à un moment donné. Le saumon étant un animal à sang froid, la température du milieu au sein duquel il évolue aura bien évidemment une incidence importante sur son comportement. Son métabolisme est intimement lié à la température du milieu liquide, trop froide et le poisson se colle le nez au fond et devient léthargique, trop chaude et la diminution du taux d'oxygène dissous dans l'eau le plonge dans une torpeur souvent comateuse réduisant d'une façon dramatique son activité (phénomène de la sieste aux heures chaudes, bien connu des méridionaux). Comme dans pratiquement toutes les pêches d'eau douce que je connaisse la température de l'eau joue donc un rôle très important. Pour la pêche au saumon il existe en plus un seuil de température (environ 7/9 degrés Celsius) de part et d'autre duquel le saumon semble se comporter comme deux poissons totalement différents. En effet passé ce seuil il monte volontiers sur des petites mouches pêchant très près de la surface alors qu'au-dessous de ce seuil il tendrait à accepter des leurres beaucoup plus gros et surtout beaucoup plus lourds présentés le plus près du fond possible.

De nombreuses tables de correspondance existent. En voici une :

 

Température (°Celsius)

Taille d'hameçons

 

 

7/10°

2/6

 

 

10,5/12,5°

6/8

 

 

13/15,5°

8/10

 

 

16/18°

10/12

 

 

+ 19°

12/16

 


Il en existe d'autres bien évidemment... Pour simplifier, une bonne règle à suivre qui a fait ses preuves depuis très longtemps, plus l'eau est froide plus la taille de la mouche est importante, plus l'eau se réchauffe, plus le saumon semble être enclin à se décoller du fond pour intercepter des mouches de tailles souvent ridicules par rapport à la taille du poisson. Ceci explique que dans beaucoup de rivières mixtes comme la Suir en Irlande, il arrive très fréquemment d'accrocher un saumon en pêchant la truite en noyée en absence d'éclosions.

La hauteur des eaux est aussi un paramètre très important et savoir lire correctement la rivière en fonction d'un niveau donné est un avantage souvent décisif dans la pêche au saumon et explique en grande partie le fait que les locaux réussissent bien souvent beaucoup mieux que les touristes. En effet les saumons, c'est bien connu, varient leurs postes en fonction du niveau d'eau. Plus l'eau est haute plus les saumons se rapprochent des rives où le courant est plus modéré et de ce fait l'effort nécessaire pour si tenir moindre... Ces eaux plus calmes, près des bords se pêchent avec des mouches plus petites et plus molles que celles plus agitées des têtes de pool ou du chenal qui demandent généralement des mouches plus raides, plus fournies et plus volumineuses. Un pool se pêche totalement différemment par eaux de crues au printemps que par eaux basses au milieu du mois d'août.

La couleur des eaux est aussi un facteur déterminant quant au choix de la mouche en ce sens qu'elle influence grandement la vision du poisson ainsi que la perception du mouvement de la mouche. Si un saumon est parfaitement capable de déceler une petite Silver Doctor n°10 part eaux claires et temps clair, il semble pour le moins douteux qu'une eau couleur de Guinness lui permette de telles prouesses. Il nous faudra donc tenter de compenser ce manque de visibilité relatif par un choix d'une mouche plus grande, plus visible et souvent plus fournie afin d'augmenter sa silhouette.

Une rivière à saumon n'étant pas un canal, il semble évident que les variations de vitesse d'écoulement dues à l'alternance de calmes et de rapides sont un aussi un critère de choix non négligeable et c'est, je crois, une erreur de pêche un pool entier à l'aide de la même mouche. En effet la tête du pool, généralement des rapides plus ou moins puissants se pêche avec une mouche plus grande et plus rigide que les calmes du milieu du pool qui nécessite l'emploi d'une mouche plus petite, plus vaporeuse. De même la queue du pool où les eaux réalésèrent et forme souvent un lisse puissant (Glide) et où les saumons qui remontent aiment généralement se reposer pour quelques temps nécessitent souvent l'emploi d'une troisième mouche. Pour être attractive, une mouche doit avoir une vitesse de nage plausible et crédible et en règle générale plus la mouche est grande plus sa vitesse de nage peut être importante.

Tous ces paramètres semblent être bien complexes, conjecturaux et hypothétiques mais leurs influences combinées sur notre pêche est indéniable et semblent relever d'une logique solide. Et la nature aime la logique et mises à part quelques erreurs de parcours et certaines bavures (l'Homo Sapiens par exemple), l'évolution des espèces reste une leçon de logique magistrale.

Ayant étudié l'acteur principal et la scène où l'action se déroule, essayons maintenant, afin de compléter le puzzle, d'analyser le rôle que doit jouer l'arrière plan, le décor, en un mot l'écran sur lequel se projette l'action de pêche. Tout comme au théâtre où le décor et l'éclairage ont pour but de centrer l'action, les conditions atmosphériques et le degré de luminosité qu'elles déterminent vont avoir une influence considérable sur la perception du leurre par le poisson. Les vieux dictons ont bien souvent du bon, et de nombreux pêcheurs de saumons à la mouche sont fortement influencés par des conseils du genre, temps clair = mouches claires, temps sombre = mouche sombre. Simpliste mais réaliste et efficace. En effet étant en présence d'un poisson hypermétrope, le nez collé au fond, voyait nos mouches apparaître dans son champ de vision au-dessus de lui, en contre-jour, il semblerait évident que l'intensité et l'opacité de la silhouette de la mouche dépendent directement de l'éclairage extérieur situé à l'arrière plan. Ceci expliquerait d'une façon assez satisfaisante qu'un éclairage important (temps clair) permettrait le choix d'une mouche plus ténue, plus claire et de ce fait plus discrète car se fondant mieux avec le décor tout en restant visible du poisson et réciproquement pour le choix d'une mouche sombre par temps sombre. Je crois qu'il est essentiel qu'une mouche s'harmonise avec le milieu dans lequel elle est sensée évoluer. Le succès indéniable de la couleur noire dans les montages de mouches à saumon tels que la Black Maria, la Connemara Black, la Black Pennel, la Black Goldfinch, la Black Doctor, la Stoat Tail, la Munroe Killer, et Sweep et tant d'autres modèles réputés et le fait que les saumons soient bien souvent beaucoup plus mordeurs lorsque le temps est couvert ou bien à l'aube ou au crépuscule, périodes où la luminosité est plus faible, tendraient à prouver la véracité de ces vieux dictons populaires.

Ce problème de camouflage et de mimétisme dont le pêcheur lui-même tient compte en choisissant un habillement se fondant au maximum avec le décor environnant, a pour but évident de ne pas attirer l'attention et ainsi d'éveiller la méfiance ou l'agressivité du poisson. La nature est ainsi faite que seuls les instincts de conservation et de reproduction poussent certaines espèces animales à renoncer à l'incognito salutaire et à publiciser leur présence grâce à des parades colorées et souvent tapageuses. Le reste du temps la survie d'une espèce dépend surtout de sa faculté d'adaptation, au sein d'un eco-système dans lequel elle occupe une niche bien définie ou bien souvent la discrétion reste l'arme la plus efficace. C'est le cas de nombreux poissons, serpents, batraciens et insectes venimeux qui indiquent grâce à des couleurs généralement éclatantes qu'une attraction trop forte pourrait s'avérer fatale... De même à la période du frai, les mâles de nombreuses espèces, dont Salmo Salar, revêtent des livrées de noces souvent flamboyantes, dans le but évident d'attirer une compagne et ainsi assurer la survie de l'espèce.

Si l'on accepte que la mouche à saumon cherche à créer une impression, une silhouette, et non une imitation exacte d'une proie familière au poisson, il est difficile d'expliquer le succès des mouches à l'habillage traditionnel du début du siècle, aux montages compliqués et souvent très opaques( ceci à cause du nombre incroyable de plumes composant l'aile mariée de ces artificielles). Il est possible que l'amalgame savant de couleurs et de textures différentes devait créer la banalisation recherchée de nos jours. Personne, je pense ne trouvera de réponse satisfaisante à cette question car de nos jours, la mode ayant changée, ces artificielles ne sont plus à présent que de merveilleuses pièces de musée dont les noms célèbres nous hanteront encore pour longtemps. Désormais, les plumes de nombreuses espèces d'oiseaux exotiques maintenant protégés ont été remplacées progressivement par des poils de nombreux mammifères et par des matériaux synthétiques nouveaux. C'est le choix judicieux de ces matériaux de montage disponibles qui nous permettent de créer des artificielles dont les qualités physiques seront parfaitement adaptées à tels ou tels types d'eaux. La souplesse et la légèreté des plumes de paonne, de marabout, de héron, les poils de queue d'écureuil et de belette permettent de monter des mouches légères, diaphanes, vivantes qui vibrent bien dans les eaux calmes et dans les courants modérés. D'autre part, des poils raides comme ceux de nombreuses espèces de cervidés ou ceux du blaireau, les ailes en quill rigide, les corps volumineux, les mouches monochromes, les noirs opaques accentuent la visibilité d'une mouche en délimitant ses contours de façon plus précise et ces matériaux plus raides s'animent néanmoins de façon fort attrayante lorsqu'ils sont pêchés dans des eaux rapides et agitées. Il est évidemment possible et même infiniment souhaitable de mélanger ces matériaux aux textures diverses afin d'obtenir des imitations à la nage attractive et réaliste.

L'infinité de variations possibles ne veut cependant pas dire que nous avons besoin d'un nombre important de modèles différents dans notre boite à mouche. Ayant remarqué à quel point la luminosité influençait la perception du leurre par le saumon, il est néanmoins essentiel de savoir-faire la juste part des choses et de choisir une fois encore un compromis raisonnable et rationnel. Personnellement je me contente de simplifier le problème en divisant la luminosité en quatre niveaux distincts: temps très clair, clair, normal et enfin sombre. Ma boite à mouche comprend donc un modèle très clair, un clair, un normal et un sombre, le tout en 4 tailles d'hameçon différentes (4/6/8/10). Il suffit d'ajouter quelques mouches crevettes pour les castillons et quelques micro-mouches noirâtres (12/14/16) garnies de quelques poils épars pour les jours de canicule et vous devez être en mesure de faire face à toutes les éventualités.

Le reste est plus une question de technique, d'assiduité, de confiance en soi et surtout de chance. Parmi l'extraordinaire diversité de modèles connus, il est néanmoins assez facile de se choisir un" quartette de mouches favorites. Par exemple voici trois sélections possibles :

Visibilité

Mouche n°1

Mouche n°2

Mouche n°3

Très claire

Silver Blue

Kenny's Killer

Silver Doctor

Claire

Logie

Pot Scrubber

Yellow Torrish

Normale

Blue Charm

Lemon Grey

Green Highlander

Sombre

Thunder & Lightning

Sweep

Munroe Killer


Vous remarquerez que les mots clair et sombre ne font entrer en jeu que le facteur tonalité et non le facteur couleur et qu'il est possible de varier ces tonalités en utilisant toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Ceci explique sans ambiguïté le succès indéniable de nombreux modèles ayant des coloris totalement opposés au point de vue de leur rayonnement( Blue Doctor, Green highlander, Yellow Torrish, Orange Parson etc.) et qui pourtant, toutes, à un moment ou à un autre prennent du saumon...

Les Anglo-Saxons, à l'esprit pratique et souvent même cartésien ont inventé des systèmes permettant, en tenant compte des divers paramètres mentionnés dans ces lignes (luminosité, température, hauteur des eaux, force du courant), de calculer la taille exacte requise en fonction des données programmées. tout en restant fort pratiques et judicieux ces gadgets ne vous donnent aucune indication sur le modèle à choisir, si bien que le problème initial du bon choix de la mouche reste entier... Ayant toujours été un pêcheur bricoleur j'ai cherché une solution satisfaisante à ce problème afin de simplifier au maximum l'agonisante décision du choix de la bonne mouche.

En partant d'une mouche de base de tonalité normale, j'ai cherché en modifiant peu à peu sa composition, sans toutefois changé la couleur dominante bleue ( le bleu réussit bien au saumon sur la Suir en Irlande), à obtenir 3 variantes dont les silhouettes respectives ont une tonalité très claire, claire et sombre. En modifiant l'opacité de ces modèles et les tons de bleus employés je me suis constitué un quartette de mouches bleues me permettant de faire face à toutes les conditions météorologiques, climatiques et physiques rencontrées pendant une saison de pêche au saumon sur la rivière que je pêche en Irlande. Ma série bleue dont je me sers exclusivement dorénavant me donne entière satisfaction et me permets de ne plus agoniser sur le choix de la mouche à employer et ceci est un atout vital pour le saumon car croire en son leurre vous donne ce surcroît de confiance tellement important pour notre pêche. Je n'ai aucunement la prétention d'annoncer que ces mouches bleues sont la panacée universelle et qu'elles vous permettront de faire un malheur sur toutes les rivières à saumon d'Europe, néanmoins elles me permettent de bien réussir sur la Suir en Irlande, rivière que je pêche depuis 16 ans déjà et qui n'a pas encore daigné me livrer tous ces secrets... heureusement d'ailleurs.

SERIE BLEUE DE LA SUIR
TRÈS CLAIRE :
Tonalité de base bleue qui sera conservée pour les 4 modèles. Cette tonalité sera assombrie progressivement. Corps gris argent et tinsel or afin de disperser la lumière reçue plus efficacement, gorge en coq bleu, aile en écureuil marron à pointes blanches et de ce fait réduire la silhouette.
CLAIRE : Seuls changements par rapport à la 1ère mouche: corps plus foncé mais toujours à tonalité dominante bleue, aile un peu plus fournie et joues un peu plus grandes (plume de geai)
NORMALE :
La mouche continue à être étoffée. Le corps est plus volumineux et bleu plus foncé, le hackle de gorge est renforcé d'un hackle de pintade bleu teint en bleu et enfin l'aile brune et blanche (écureuil) est assombrie grâce à des poils de queue d'écureuil noir. Les joues en geai sont aussi plus importantes.
SOMBRE :
Un hackle bleu plus foncé est enroulé en Palmer sur le corps de la mouche rendant la silhouette plus opaque donc plus visible. De même ajouter un hackle de gorge en poule noire épaissit la mouche. Enfin l'aile est maintenant totalement noire et plus fournie renforçant très nettement la silhouette de la mouche. Les joues surdimensionnées donnent aussi de l'opacité à cette version sombre de notre mouche de base. Montées en quatre tailles (4/6/8/10) ces 4 modèles me permettent de faire face à pratiquement toutes les situations sur ma rivière. Les hameçons utilisés ici sont des hameçons simples, je tiens néanmoins à préciser que j'utilise plus volontiers des hameçons doubles et même triples qui assurent un accrochage du poisson nettement supérieur mais qui demandent une technique de lancer plus soignée car le bouclage fréquent est le désavantage majeur de ces mouches à hameçons multiples.

Je discuterais d'ailleurs des vertus de ces divers hameçons dans mon prochain article.

Jean-Loup Trautner©1993

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