LA RIVIERE SUIR ET SES AFFLUENTS

 

La Suir est avec la Blackwater la rivière la plus réputée du Sud de l'Irlande. Célébrée depuis fort longtemps pour l'excellence de la pêche à la truite fario sauvage qui s'y pratique, elle est curieusement moins connue comme rivière à saumons et pourtant, la taille des saumons qui la remontent de mars à novembre est toujours nettement supérieure à la moyenne Irlandaise. La Suir détient d'ailleurs toujours le record Irlandais avec un poisson de 57 livres pris par un certain Mr Maher en 1874…Si ces imposants saumons de printemps ne remontent malheureusement plus dans les rivières irlandaises depuis des décennies, il n'en reste pas moins vrai que, chaque saison, nombre de mes clients capturent des poissons approchant et dépassant parfois les 10 kg… Rien d'étonnant donc que chaque année, ça soit pratiquement toujours dans la Suir que sont capturés les plus gros saumons de l'île.

  La Suir (prononcez "Choure") prend sa source dans les Devils Bit Mountains, au nord de Templemore. Elle serpente en une suite de rapides, de radiers et de grand plats plus profonds sur près de 150km à travers les Comtés de Tipperary et de Waterford. Soumise à l'influence de la marée jusqu'à 2km en amont de Carrick on Suir, elle termine sa course par un long estuaire de près de 40km jusqu'à sa rencontre finale avec l'Océan Atlantique dans le port de Waterford. 

  La Suir draine un vaste plateau calcaire ce qui lui donne des caractéristiques un peu semblables aux "Chalk Streams" anglais ou à ceux de Normandie. Le premier bonus de son PH légèrement alcalin est l'incroyable variété et l'abondance de la micro-faune qui est présente dans cette rivière. Le second bonus est, qu'en plus de la filtration naturelle par les tourbières de la rive droite de la rivière, la pureté de l'eau est assurée par le fait que  toutes les villes et pratiquement tous les villages riverains possèdent désormais d'excellentes stations d'épuration fonctionnelles. Ceci explique aisément une autre particularité suffisamment rare pour être notée, qui est que la Suir abrite une large population d'écrevisses européennes grandissant d'année en année au grand régal des loutres, et des hérons locaux qui se nourrissent désormais quasiment exclusivement de ces délicieux crustacés devenus extrêmement rares dans la grande majorité des rivières européennes. La présence de ces écrevisses et des loutres est de plus un témoignage irréfutable de la superbe qualité de l'eau de cette rivière. 

Un milieu aquatique d'une qualité irréprochable abritant une profusion de micro-organismes et une intervention humaine réduite au strict minimum sont la recette infaillible pour assurer un biotope idéal pour tous les salmonidés sauvages autochtones mais aussi pour tous les autres poissons migrateurs tels les aloses feintes, les lamproies marines, les anguilles et les truites de mer qui viennent se reproduire ou vivre pour un temps dans les eaux de la Suir.

  La Basse-Suir (entre Cahir et Carrick on Suir) est un cours d'eau relativement large par endroits (de 25 à 30m) mais, mis à part certains "trous" bien connus, elle reste néanmoins peu profonde pratiquement partout, ce qui, alliés avec des fonds de graviers non glissants et un courant rarement très puissant rend cette rivière très facile et très sûre à pêcher en wading. La pêche dans l'eau est vivement recommandé si l'on veut s'attaquer aux plus beaux spécimens de farios présents dans cette rivière. Il n'est que très rarement nécessaire d'utiliser un bâton de wading et 95% des parcours de cette rivière sont aisément accessibles à tous et à toutes ( En 30 ans, je n'ai encore perdu aucun client à ce jour…). Contrairement à ce qu'affirment certains pêcheurs qui visiblement la connaissent fort mal, la Suir n'est en aucun cas une rivière exclusivement réservée aux pêcheurs chevronnés. Le débutant pourra attaquer un grand nombre de poissons et de ce fait pourra rapidement corriger ses erreurs et améliorer rapidement sa technique et le pêcheur expérimenté verra ses techniques et ses tactiques de pêche souvent mises à rude épreuve face à face à des poissons qui peuvent se montrer de temps en temps extrêmement peu coopératifs…

  Les meilleures zones de pêche à la truite et au saumon se trouvent sur la Basse-Suir entre le village de Ardfinan et celui de Carrick en Suir (c'est d'ailleurs là que vous trouverez tous mes parcours de pêche privés). La Suir étant une rivière relativement importante et donc de ce fait lente à se réchauffer au printemps, il est inutile de chercher à la pêcher avant le début-mai (surtout en ce qui concerne la pêche à la mouche) et venir avant cette date s'est avéré bien souvent être une erreur donc tenez-en compte lorsque vous préparerez un séjour de pêche sur ses rives. Les meilleures périodes pour la mouche sont de la mi-mai jusqu'à la mi-juillet et de la mi-août jusqu'à la fin septembre. La pêche en période estivale (15 juillet-15 août) se limite souvent à la pêche très matinale et à celle des "coups du soir" qui peuvent être souvent très tardifs (la pêche est ouverte 24h sur 24h en Irlande). En règle générale, les pêcheurs au Toc et au lancer ou aux leurres peuvent espérer obtenir de très bons résultats du début-mai jusqu'à la fin juillet et aussi au mois de septembre.  

La Suir possède plusieurs affluents rive gauche et rive droite aux caractères tous très différents:

  • L'Anner, rive gauche, une petite rivière calcaire aux truites grasses et blondes. Très sauvage mais parfois très encombré et difficile d'accès sur certains secteurs, c'est un cours d'eau très poissonneux à pêcher de préférence avec un matériel très léger
  • La Nire, rive droite, petit cours d'eau torrentueux et très acide et de ce fait peuplé de truites de taille excédant rarement les 30 cm. Excellente rivière de reproduction en hiver pour les truites et les saumons, c'est une véritable refuge pour les truitelles et les tacons et de ce fait devrait être évitée pendant les périodes de basses-eaux.
  • La Tar, rive droite, rivière de plaine, aux eaux très acides et abritant de ce fait une population de truites de taille modeste et une multitude de tacons.

  Ces affluents sont les véritables nurseries de la Suir, endroits privilégiés où les alevins de truites et de saumons grossissent en relative sécurité avant de dévaler vers la Suir, les uns pour profiter de la richesse de la table offerte et les autres pour entamer leur voyage vers l'océan.

La première chose qui frappe le pêcheur qui découvre la Suir est l'incroyable densité des truites qui la peuplent. Bien que jamais énormes (record-client 4.2kg pour 72cm en nymphe), les truites de la livre et plus sont légion dans cette rivière comme le prouvent d'ailleurs les chiffres officiels obtenus lors de la dernière pêche électrique effectuée en 2012 (3500 truitelles de 12cm et plus par hectare et 1 truite adulte (2 à 4 ans) pour 4 m³). La qualité, la quantité et la variété de la micro faune (larves, nymphes, gastéropodes, insectes terrestres, crustacés etc.) explique la qualité étonnante de la pêche à la mouche sous toutes ses formes (sèche, noyée, nymphe) et l'absence quasi totale de "poissons blancs" et de prédateurs du genre brochets, sandres, silures, perches favorise aussi la prolifération exceptionnelle des truites dans cette rivière. Depuis plusieurs années, on a constaté une augmentation très sensible du poids moyen des poissons capturés et les prises de gros spécimens (engraissés sans aucun doute par une riche diète d'écrevisses) de plusieurs kilos sont de plus en plus fréquentes. Ces gros géniteurs semblent apprécier spécialement les grosses phryganes et les Olives à ailes bleues au printemps et en été au "coup du soir" mais aussi les nymphes lourdes présentées près du fond ainsi que les Quimperloises, les Rapalas et autre poissons nageurs.

Dans la Suir, la prédation sur les animaux malades ou chétifs est faite essentiellement par les loutres, les hérons et les quelques rares visons américains qui pullulaient jadis sur les bords de cette rivière. Car c'est aussi cela la Suir, les rencontres fréquentes avec une vie sauvage qui a malheureusement souvent disparue ailleurs vaincue par les pollutions à répétition, la surpêche et la bêtise humaine...et si le nombre des gobages et des prises effectuées est bien évidemment important, la rencontre d'une loutre joueuse chassant vos truites, d'un Martin-Pêcheur multicolore ou d'un vison furtif grignotant une écrevisse imprudente ne le sont pas moins et le sentiment "d'appartenir" que l'on ressent en pêchant cette rivière est souvent d'une intensité rare.

  La rivière, riche en herbiers, et aux rives souvent boisées présente un milieu idéal au développement d'une multitude d'espèces d'insectes aquatiques et terrestres et bien que les herbiers soient des "garde-mangers" copieusement garnis, les truites sont néanmoins très actives en surface ou juste sous la surface ce qui permet de pêcher très souvent en sèche ou en nymphe. Mises à part les éclosions massives de grosses phryganes au crépuscule, à partir du mois de juin, on pêche en sèche la plupart du temps avec de petites artificielles (16/18/20) et avec des bas de ligne très fins (12/10/100ème).

En effet la rivière n'ayant que très peu de zones vaseuses, il n'y a pratiquement aucune éclosion de mouche de mai et même lorsque quelques spécimens flottent portés par le courant, ils sont rarement pris par les truites. Les farios de la Suir semblent avoir une prédilection pour les mouches de très petites tailles et cette tendance est souvent l'une des raisons majeures des bredouilles retentissantes que cette rivière nous inflige de temps à autres.

   Ma bête noire depuis des années sont les éclosions de Caenis, ces misérables petites pestes blanchâtres provoquent les séances de gobages les plus incroyables dont j'ai été le témoin et cependant ces éclosions massives coïncident avec mes souvenirs les plus déprimants de séances de fouettages aussi douloureuses que vaines.

   De même les vrais fanatiques de la pêche à la nymphe trouveront la Suir à la hauteur de leur compétence et cette rivière leur posera de nombreux problèmes autant techniques que tactiques. En effet, en été, les truites nymphent souvent pendant la journée, ces petits gobages presque imperceptibles par eaux basses et par temps clair sont très difficiles à couvrir proprement et la couleur très foncée du fond de la rivière rend le repérage des poissons actifs sous la surface très délicat. N'en déplaise aux puristes, l'usage d'un rigoletto ou d'un indicateur de touche sur le corps de la ligne ou sur la tête du bas de ligne s'avère alors souvent indispensable pour permettre la capture de quelques-uns de ces poissons toujours difficiles à leurrer.

  Malgré l'énorme densité de truites qui la peuplent, la Suir n'est cependant pas une rivière facile à pêcher et la grosseur des "paniers" seront souvent proportionnels à la qualité et à l'efficacité de votre technique personnelle. Et, de nos jours où trop de rivières européennes sont repeuplées à grands renforts de truites de bassine offrant un plaisir de pêche assez médiocre, il est rassurant d'avoir à nouveau la possibilité de faire face à des adversaires dignes de ce nom.

  De même le débutant, le néophyte, aura la possibilité d'attaquer pendant son séjour de pêche sur la Suir un nombre beaucoup plus important de poissons actifs ce qui lui permettra d'améliorer sa technique et de corriger ses défauts nettement plus rapidement. Il est en effet toujours plus facile d'apprendre et de progresser grâce à ses erreurs et ses défaites...et rares sont les visiteurs de la Suir qui ne repartent pas meilleurs pêcheurs à la fin de leur séjour sur cette rivière.

  Vous trouverez dans les rubriques "matériel de pêche" et "mouches et leurres" de ce site une foule d'informations utiles pour s'équiper correctement (pêche truite et saumon) afin d'être opérationnel le plus rapidement possible sur la rivière. De même, au cas où vous ne trouveriez pas les réponses aux questions que vous vous posez sur mon site, je reste à votre entière disposition soit par e.mail à jeanlouptrautner@gmail.com ou bien au téléphone au (de France) 00 353 86 817 60 55

 

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